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Le nuage noir qui fait du Caire une des capitales les plus polluées du monde a repris ses quartiers d'automne pour la septième année consécutive au-dessus des 16 millions de Cairotes, provoquant de sérieuses affections respiratoires et des cancers.
Les émissions de dioxyde d'azote, qui présentent de graves risques pour la santé, ont atteint des niveaux records dans le centre sur les rives du Nil, et les banlieues industrielles implantées dans le delta du Nil ou le désert. Alors que le seuil maximum de concentration dans l'air de NO2 a été fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 200 mg, le niveau a été en moyenne de 305 à 482 mg, à Qolali ou Guiza, deux quartiers du Caire. Pire encore, et considéré par la presse égyptienne comme méritant de figurer dans le livre Guinness de record de pollution, ce niveau a atteint 700 mg à Qaha, dans la région industrielle Qalioubia, au nord de la capitale.
Au total, Le Caire a un taux de pollution dix fois supérieur à l'indicateur global redéfini en octobre par l'OMS, la classant parmi les villes les plus polluées du monde, avec Karachi, New Delhi, Pékin, Katmandou et Lima. Comme les années précédentes, les autorités s'avouent perplexes, mettant en cause un trafic automobile débridé, l'incinération des ordures à ciel ouvert ou encore les brûlis de paille de riz dans le delta du Nil.
Le ministre de l'Environnement, Maged George, a pointé du doigt les conseils locaux incapables d'empêcher les paysans d'incinérer ces pailles, procédé traditionnel pour laisser le champ libre aux nouvelles récoltes. Alors que la surface de terres cultivables de riz aurait augmenté de 30 %, il avait décrété avec son homologue à l'Agriculture, Amine Abaza, la collecte de 125 000 tonnes de pailles pour les presser, ordre qui a été manifestement ignoré.
Les gaz d'échappement de 1,6 million de voitures, dont une armée de 80 000 taxis déglingués, sont également mis en cause, surtout cette année alors que le nuage de pollution qui apparaît en octobre coïncide avec le mois de jeûne du ramadan, période génératrice d'embouteillages monstres. La forte concentration d'usines polluantes, comme les cimenteries d'Helwan ou Tebin, dans le sud de la capitale, est aussi rendue responsable d'une pollution qui provoquerait jusqu'à 5000 décès par an au Caire, selon les estimations hospitalières.
«Un calcul de risque permet de conclure que 500 000 Cairotes développeront durant une période de 5 à 25 ans de graves problèmes respiratoires et des cancers mortels», estime Salah Hassanein, qui enseigne l'environnement à l'Université du Caire. L'air est aussi vicié par l'incinération à ciel ouvert des 12 000 tonnes déchets domestiques collectées quotidiennement, en plus des montagnes d'ordures ménagères qui se consument dans des décharges sauvages.
En plus d'une démographie urbaine explosive, tous les experts s'accordent à dire que Le Caire pâtit aussi d'un environnement naturel défavorable renforçant la nocivité de ces facteurs polluants. De très fortes chaleurs, pas de pluies, peu de vent, et le sable venu du désert contribuent à faire de la mégapole surpeuplée un enfer urbain que les autorités proclament désormais vouloir combattre par tous les moyens.
Une batterie de législations anti-pollution ont déjà été promulguées depuis une dizaine d'années, incluant un contrôle des véhicules et des industries, avec des amendes en cas d'infraction. «Mais il y a une différence entre écrire une loi et la faire appliquer», estime Essam al-Hinnawy, directeur du centre international pour l'environnement et le développement (ICED) pour qui «la situation s'aggrave».
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