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Il s'agit d'un pick-up, un gros véhicule 4 portes, 6 places assises (on peut monter à 3 à l'avant) et 500 kg de charge utile dans la benne. Le gabarit est américain, c'est-à-dire assez énorme par rapport aux standards européens. L'engin fait plus de 2 mètres de large, et... 6.50 m de long. Le poids ? 3.400 kg. Ce qui semble assez raisonnable, car la version civile de l'engin fait déjà plus de 2.500 kg, et la version aux spécifications militaires est déjà très significativement alourdie... Partout dans le monde : les soldats demandent des tôles épaisses ! Mais ce que signifie une telle masse pour les ingénieurs, c'est qu'il va falloir de la puissance pour déplacer l'engin à allure convenable
Ce pick-up n'utilise alors pas une pile à combustible, mais 2. 2 PAC de 94 kW chacune, à quelques détails près, ce sont les mêmes que celles des Zafira Hydrogen 3. C'est un autre avantage d'une PAC par rapport à un moteur thermique, il est considérablement plus simple de les multiplier... Plusieurs constructeurs travaillent d'ailleurs sur cette idée : pour un gros véhicule, cela coûte moins cher de mettre 2 petites PAC que d'en développer une grosse. Et en produisant la petite PAC en plus grande quantité, on peut accroître les économies d'échelle... GM, grand champion de la standardisation tout azimut, l'a très bien compris.
94 kW x 2 font 188 kW, soit un peu plus de 250 ch, et avec 3400 kg à tirer, on devine que les performances n'ont rien de follichon, mais grâce au couple instantané du moteur électrique, GM les annonce comparables à celle de ce pick-up, lorsqu'il est équipé d'un V8 de 5.3 litres. On n'oubliera pourtant pas de préciser que ce moteur n'est pas disponible sur la version civile de cet engin. La version Crew Cab (4 portes) des pick-ups GM n'est en effet proposé au public particulier qu'avec un V8 de 6 litres (de 345 ch). Les performances de ce Chevrolet Silverado à hydrogène sont donc celles d'un véhicule utilitaire. Les soldats ne pourront pas s'en servir pour faire la course (quoique...). Quant à l'autonomie, elle est annoncée à 200 km, ce qui est faible parce qu'il y a 3 réservoirs, mais ils ne sont qu'à 350 bars de pression (le Sequel a des réservoirs à 700 bars).
En dépit de certaines apparences, il ne s'agit pas d'un 4x4, ce pick-up est une propulsion, et le grand atout de sa technologie est pour les militaires d'être beaucoup moins détectable que son équivalent à moteur thermique. Très peu bruyant, ne dégageant pas beaucoup de chaleur (la température de fonctionnement d'une pile à combustible est très inférieure à celle d'un moteur à explosion), un véhicule à PAC serait hautement appréciable en temps de guerre... Mais pour le moment, ce prototype ne quiterra pas la Virginie. Il ne partira pas en Irak, ni en Afghanistan, ni nulle part ailleurs. Il doit avant cela passer des tests de durabilité, et c'est ce qu'il fait à la base de Fort Belvoir, depuis avril 2005, et jusqu'en juillet 2006. Depuis la seconde guerre mondiale, c'est la technologie qui a fait la suprématie de l'armée américaine, et ce pays tient à conserver cet avantage.
C'est l'une des raisons qui a poussé un sénateur américain de premier plan à soutenir l'armée dans son programme de véhicules à PAC, Mme Hilary Clinton, l'épouse de Bill (3 photos ci-dessus). Ce soutien a une signification forte, car si tout le monde se rappelle que le président Bush s'était largement engagé pour l'hydrogène et la PAC dans son discours sur l'état de l'Union de 2003, le président est du parti républicain, alors que Mme Clinton est du parti démocrate. Il n'y a pas aux USA d'opposition systématique comme en France. Avoir lancé les USA sur la voie de l'hydrogène est peut-être l'une des meilleures choses qu'ait fait le président Bush, et ses adversaires politiques se gardent bien de le critiquer sur ce plan (il y a bien d'autres domaines où son action est critiquable !), au contraire, ils le suivent sur cette voie. Tant mieux pour les américains.
Quant à l'armée américaine, elle réfléchit à long terme. On sait qu'une de ses difficultés, en Irak et en Afghanistan, fut l'envoi, en temps et en heure et en quantité, de carburant pour ses nombreux véhicules. Il serait alors avantageux d'avoir des points de ravitaillement mobiles, et cela existe déjà avec des navires, mais il faudrait que ces navires aient plus de capacité. D'où l'idée d'avoir des électrolyseurs géants à bord, qui pourraient produire le carburant hydrogène en pompant l'eau de mer, au plus près de la zone de combat. C'est fou, mais l'armée américaine étudie la question. Et on voit qu'il n'est pas question d'environnement dans ce projet. Les pays qui ont le malheur d'être en guerre se moquent bien que les autos en circulation ne polluent plus. Mais si une partie des 800 milliards de dollars du budget annuel de l'armée américaine pouvait servir à aider à la mise en place d'une production régulière de voitures à PAC, là, le monde entier pourrait y gagner.
Source : Moteurnature
